samedi 28 juin 2014

Hey brother, there's a better way out

I was the third brother of five,
Doing whatever I had to do to survive.
I'm not saying what I did was alright,
Trying to break out of the ghetto was a day to day fight.

Been down so long, getting up didn't cross my mind,
I knew there was a better way of life that I was just trying to find.
You don't know what you'll do until you're put under pressure,
Across 110th Street is a hell of a tester.

Across 110th Street,
Pimps trying to catch a woman that's weak
Across 110th Street,
Pushers won't let the junkie go free.
Across 110th Street,
Woman trying to catch a trick on the street.
Across 110th Street,
You can find it all in the street.

I got one more thing I'd like to y'all about right now.
Hey brother, there's a better way out.
Snorting that coke, shooting that dope man you're copping out.
Take my advice, it's either live or die.
You've got to be strong, if you want to survive.

The family on the other side of town,
Would catch hell without a ghetto around.
In every city you find the same thing going down,
Harlem is the capital of every ghetto town.

Across 110th Street,
Pimps trying to catch a woman that's weak
Across 110th Street,
Pushers won't let the junkie go free.
Across 110th Street,
A woman trying to catch a trick on the street, ouh baby
Across 110th Street,
You can find it all in the street.
Yes he can, oh

Look around you, just look around you,
Look around you, look around you, uh yeah.

Bobby Womack, Across 110th Street (1972)

Comme beaucoup, j'ai découvert cette chanson et cet artiste dans le Jackie Brown de Tarantino.RIP Booby Womack (1944 - 2014)

jeudi 26 juin 2014

Елена

"Humiliés et offensés" était l'un des derniers grands romans de Dostoïevski qu'il me restait à lire (avec "l'Adolescent", sur lequel je vais sans doute faire l'impasse). L'histoire romancée d'un écrivain friendzoné dirait-on aujourd'hui.

Un court passage descriptif, juste pour le plaisir, concernant une petite fille (Elena / Nelly) qui sera recueillie plus tard par le personnage principal (Ivan Petrovitch).

Le lendemain matin, vers dix heures, en sortant de mon appartement [...], je me heurtai sur le seuil de la porte à ma visiteuse de la veille, la petite-fille de Smith. Elle entrait chez moi. Je ne sais pas pourquoi mais, je me souviens, je fus très content de la voir. La veille, je n’avais même pas eu le temps de l’observer, et, en plein jour, elle m’étonna encore plus. Il était d’ailleurs difficile de trouver une créature plus étrange, plus originale - du moins dans son physique. Petite, les yeux brillants, noirs, comme pas russes, des cheveux noirs d'une épaisseur terrible, hirsutes, et un regard mystérieux, muet et entêté, elle pouvait arrêter l'atten­tion de n'importe quel passant dans la rue. C'était sur­tout son regard qui vous frappait : on voyait y briller l’intelligence, et, en même temps, une sorte de méfiance soupçonneuse, voire inquisitoriale. Sa petite robe, sale et usée, à la lumière du jour, ressemblait encore plus à une loque. J'avais l’impression qu'elle était malade d’une sorte de maladie lente, obstinée et constante, qui détruisait impitoyablement son organisme. Son visage pâle et maigre avait une espèce de teinte contre nature, un jaune hâlé, bilieux. Pourtant, en général, malgré toute la monstruosité de la misère et de la maladie, elle n'était pas laide. Elle avait de jolis sourcils finement arqués, et surtout un beau front large, un peu bas, et des lèvres dessinées à merveille, avec une sorte de pli orgueilleux, téméraire, - mais pâles, quasiment blanches.

— Ah, encore toi ! m’écriai-je, mais je me disais bien que tu allais venir. Entre donc !

Elle entra, passant très lentement le seuil, comme la veille, en posant tout autour d’elle un regard méfiant.

Dostoïevski, Humiliés et offensés (1861)

mardi 24 juin 2014

REDRUM (part.2)

J'ai revu récemment Shining de Kubrick avec beaucoup d'intérêt, de plaisir... et finalement peu d'angoisse (les terrifiantes 2min40 de ce court-métrage me font par exemple beaucoup plus d'effet).


A dire vrai, j'aime assez cet hôtel, ses longs couloirs, sa déco vintage et cette fameuse moquette (limite d'avantage que le Grand Budapest Hotel).


Après visionnage, j'ai découvert une abondante littérature sur ce film, et y ai notamment appris que la vision des deux soeurs jumelles était calquée sur un célèbre photo de Diane Arbus.
(Je l'avais déjà vue exposée en 2011 à la Galerie du Jeu de Paume, mais n'avais pas fait le rapprochement pour autant...)

Illustration :

Stanley Kubrick, the Shining (1960)
Diane ArbusIdentical Twins, Roselle, New Jersey (1967)

Etonnant, non ?

Bonus : 

lundi 23 juin 2014

REDRUM (part. 1)


Delbert Grady: Your wife appears to be stronger than we imagined, Mr. Torrance. Somewhat more... resourceful. She seems to have got the better of you.

Jack Torrance: For the moment, Mr. Grady. Only for the moment.

Stanley Kubrick, the Shining (1960)

samedi 21 juin 2014

Faith

Il arrive parfois dans la vie d'un Parisien qu'on soit contraint de mettre les pieds à Châtelet-les-Halles (à fuir de jour comme de nuit). D'amples travaux sont menés en surface de cet endroit névralgique de Paris, mais, sans modification des commerces et bars environnants, je doute qu'ils changent quoique ce soit à l'atmosphère de ce quartier.

(Je précise, que pour moi aussi, durant mes années collège, virée à Paris était synonyme de descente à Châtelet-les-Halles).

De longs siècles avant que ne s'implantent les premiers magasins de chaussure et autres pubs irlandais, étaient édifiée l'église de St Eustache (construite en 101 ans, et achevée en 1633), lieu dans lequel se déroulait hier (=veille de fête de la musique) la neuvième éditions des 36h de St Eustache.

A l'affiche, des petits (*) groupes pop/rock sympathiques - Natas Loves you, St Michel, Match - suivis de Hugh Coltman qui aura j'imagine ravi des spectateurs plus âgés, rapidement évacués par les expérimentations sonores d'Orval Carlos Sibelius, ensuite relayées par un final électronique, plus au goût d'un public jeune, aviné et grisé par la victoire française contre la Suisse.

Mention spéciale à Bachar Mar-Khalifé (du label Infiné), qui aura réussi à discipliner l'audience, par sa musique et son charisme.


A 3h40 montait sur scène Bloum, dont vous ré-entendrez parler, c'est sûr.


Peut-être même dès demain, lors du prochain (et dernier pour la saison) volume de Top Tape, à 21h sur Radio Campus Paris ?




- - - -
* (tout de même signés sur des labels importants)

mardi 17 juin 2014

Sasquatch Festival, Days One+Two+Three

Vous n'étiez pas, moi non plus.
Sélection (arbitraire) de photos du Sasquatch festival, qui se tenait les 23-24-25 mai dans l'état de Washington (ici, çàd à 240km à l'est de Seattle)

[via BrooklynVegan]

Crystal Fighters

De la soul

Tune-Yards

Phosphorescent

the Growlers

Deafheaven

Phantogram

Haim (x2)

Neko Case

Banks

Waxahatchee

Parquet Courts

MIA

Austra

Tyler the Creator

Damien Jurado

Outkast

Die antwoord

[Photos : Chris Graham / Rae Graham]

dimanche 15 juin 2014

La peur la plus effroyable

Ceci dit, je dois tout avouer franchement : est-ce à cause de mes nerfs malades, ou des impressions liées à ce nouveau logement, ou de ma mélancolie, petit à petit et progressivement, je m’étais mis à sombrer, dès que le soir commençait à tomber, dans cet état d’esprit qui me prend si souvent aujourd'hui, la nuit, avec ma maladie, et que j’appelle l'effroi mystique. C’est la peur la plus effroyable, la plus torturante, de je ne sais pas quoi, de quelque chose que je ne peux pas définir, quelque chose d’insaisissable, d’inexistant dans l’ordre de la vie, mais qui doit se réaliser absolument, peut-être à la minute, qui viendra me trouver comme pour se moquer de toutes les déductions de la raison et se dressera devant moi comme un fait indéniable, affreux, monstrueux, inflexible. Cette peur grandit généralement de plus en plus, malgré toutes les déductions de mon intelligence, au point que, finalement, l'esprit, même s'il acquiert pendant ces minutes-là, peut-être, une clarté encore plus grande, n'en perd pas moins toute capacité de résister aux sensations. On ne l’écoute pas, il devient inutile, et ce dédoublement renforce peut-être encore l’angoisse craintive de l’attente. J’ai l’impression que telle doit être un peu l'angoisse des gens qui craignent les revenants. Mais, dans mon angoisse à moi, le vague même du danger renforce encore les tortures.

Dostoïevski, Humiliés et offensés (1861)

mercredi 11 juin 2014

De la diversité des expériences de jeu

Jonathan Blow est programmeur et créateur de jeu vidéo indépendant. Il a développé le jeu de plateformes et d’énigmes temporelles Braid, qui a remporté de nombreux prix, dont celui du meilleur game design à l’Independant Games Festival (IGF) de San Francisco en 2006.

Depuis quelques années, lors de nombreuses conférences, il s’attaque avec virulence aux jeux qui se basent uniquement sur un système de récompenses conceptuellement pauvre pour appâter et garder les joueurs. Un principe selon lui contraire à l’éthique.

Des millions de joueurs pratiquent quotidiennement des jeux Zynga, comme Farmville. Vous considérez que ces jeux ne sont pas éthiques, pourquoi ?
Car il s’agit d’asservissement. Le système d’amélioration arrivant à intervalles réguliers, pour que le joueur ne s’ennuie pas et ne finisse pas par quitter le jeu, est un principe similaire à celui de la boîte de Skinner. Il s’agit d’une expérience inspirée par les travaux de Pavlov dans laquelle on conditionne une souris pour qu’elle active compulsivement un levier grâce à un stimulus et une récompense aléatoire. Le raisonnement qui a abouti au mécanisme de Farmville n'a jamais pris en compte ce que le jeu pouvait apporter au joueur, que ce soit en terme de plaisir ou d’expérience, il a simplement cherché à optimiser les rouages pour diriger le comportement des joueurs et profiter au maximum de leur temps libre. Et ce temps-là est précieux. L'utiliser pour une activité aussi vaine ne peut être une bonne chose.

Article paru dans Libération du 7 avril 2011


Je suis toujours surpris de découvrir sur internet puis dans le métro par dessus l'épaule des voyageurs les jeux qui remportent un succès massif sur téléphone portable, tant l'expérience de jeu proposée paraît pauvre. A voir les regards vides accompagnant les interminables (imprévisibles et pourtant quasi systématiques) réactions en chaîne de Candy Crush, ou les pouces frénétiques enchaîner les parties de 2048, je me dis que ces jeux n'offrent comme seul plaisir que celui de passer au niveau supérieur (ou de dépasser son score précédent).


Je parle assez rarement jeux-vidéos ici (et pratique d'ailleurs très peu), mais les quelques  articles liés à ce sujet laissent deviner que je privilégie gameplay, originalité et esthétisme.
C'était le cas pour les marquants Limbo, ou Braid.
(La citation mise en exergue vient du créateur de ce dernier)

A cette liste, j'ajoute le tout récent (et très beau) Monument Valley.

Le jeu est constitué d'une succession de niveaux en 3D isométrique dont il faudra faire sortir le personnage principal. La mécanique de jeu est basée sur une interaction avec certains éléments du décor, qu'il est possible de déplacer (translation, ou rotation).

Graphismes, environnement sonore, jouabilité, inventivité, rien que pour ça le jeu se tient. Il prend tout son sel pour qui goûte l'oeuvre de l'artiste néerlandais MC Escher (étant enfant, j'ai passé de longues heures à contempler un ouvrage le concernant qu'on m'avait offert)

MC Escher (1898-1972) est connu pour avoir illustrer dans ses gravures nombre de configuration géométriques impossibles, par exemple basé sur le triangle de Penrose.

.

Ce motif est fréquemment présent dans Monument Valley


Plus qu'un simple clin d'oeil esthétique, la référence à Escher a un vrai impact sur le jeu.
En effet, dans un tel monde, proximité dans le plan vaut proximité dans l'espace. Il devient donc possible de passer d'un point à un autre lorsqu'un effet de perspective les place à proximité, même si, dans un monde en trois dimensions, ces points sont en réalité distants.

Quelques autres références explicites :
Notez l'eau qui se déverse, puis "remonte" à son point initial

Vous croiserez aussi dans le jeu des tableaux rappelant cette configuration

Je ne vous dis pas tout et vous laisse découvrir la suite
(pour 3,49 euros, sur iOS et Android)

Monument Valley (Studio Ustwo, 2014)

lundi 9 juin 2014

Zéro déchet (non recyclé)

Le soleil n'est pas encore levé qu'un étrange ballet commence. Chacun à leur tour, des dizaines de camions viennent déverser des tonnes et des tonnes de restes de nourriture, d'herbe coupée, de branchages. Un mois plus tard, ces déchets organiques ressortiront sous la forme d'un riche compost aussi fin que du sable. Ici, à Vacaville, à une heure de route au nord de San Francisco, se joue quotidiennement une partie essentielle de l'objectif que s'est fixé la ville californienne : parvenir, d'ici à 2020, à zéro déchet non recyclé ou composté, évitant ainsi d'utiliser des décharges ou des incinérateurs, très polluants.

Comment San Francisco s'approche du « zéro déchet »,
un article à lire sur lemonde.fr

mercredi 4 juin 2014

Je peux enfin continuer

Quelque part entre Clara Clara (pour les synthés), Rhume (pour la scansion, ou encore l'aspect brut de certaines paroles), Fauve (pour les questionnements existentiels post-adolescents) se trouve le groupe grenoblois Taulard.
Un mélange, qui, je le conçois, pourra laisser perplexe.


j’ai patienté, j’ai fait passer
les mois d’attentes comme je l’ai pu
petit à petit je me suis remis
sur les bons rails

je me sens de nouveau en confiance
je vois que tout se remet en place
finalement ce fût lent
je me suis sorti d’un faux pas
je peux enfin continuer
je me sens soulagé
toutes les choses qui me tiennent à cœur
finalement je me sens bien


Taulard, Se sortir d'un faux pas
Les abords du lycée (autoproduit)


mardi 3 juin 2014

Movie Poster(s) of the Week


Parce que j'aime bien l'alliance photo + lignes graphiques.
La preuve


Sarah préfère la course, Sophie Desmarais (2014)
Computer Chess, Andrew Bujalski (2014)